Obsolescence programmee

Qu'est-ce que c'est ?

Le capitalisme est un système économique basé sur l'accumulation des richesses qui tend à imposer une croissance économique toujours plus élevée en favorisant la consommation de masse pour stimuler la production de biens. Cependant les progrès technologiques importants que connurent les domaines de la science et de l'industrie depuis le XIXème entrainèrent l'allongement de la durée de vie de tous les biens de consommation. La société de consommation se retrouva donc très vite face à une situation paradoxale évidente, les gens achetaient un produit et le gardaient pendant quinze ou vingt ans « paralysant » ainsi l'industrie... Les patrons des grandes firmes industrielles se virent donc confrontés à une question cruciale pour la si chère croissance : comment pousser le consommateur à acheter plus ? On chercha donc une solution à ce « problème » et c'est à ce moment que l'obsolescence programmée s'imposa aux esprits comme une stratégie plutôt efficace ! Derrière ce terme barbare ce cache un procédé par lequel on détermine par avance la durée de vie des biens en forçant les ingénieurs à développer des techniques pour limiter la résistance des objets. Certains ont défini l'obsolescence programmée comme le moyen d'augmenter le « désir du consommateur de posséder un bien un peu plus neuf, un peu plus tôt que nécessaire ».

Une hécatombe d'ampoules pour une montagne de profits !

Les fabricants d'ampoules furent les premiers à appliquer cette stratégie, ils se rendirent compte qu'une ampoule qui ne s'use qu'après 2500h (voir plus) d'utilisation n'était que très peu rentable pour l'entreprise qui la produisait. En 1925 ils fondèrent donc un cartel nommé S.A PHOEBUSconstitué par les patrons des plus grandes entreprises dans le domaine : Phoebus, Osram, Philips, la Compagnie de Lampes et General Electric. Ceux-ci décidèrent d'un commun accord de fixer la durée de vie des ampoules à 1000h par des moyens techniques et de ce fait, deux ans après, quasiment toutes les ampoules sur le marché ne dépassaient pas ce temps d'utilisation. Ceci est le résultat d'un système bureaucratique très organisé dans lequel les membres du cartel étaient pénalisés si leurs produits duraient plus de 1500 heures. Tous les modèles d'ampoules étaient donc testés afin de vérifier qu'ils ne dépassaient pas les quotas imposés et on imposait des sanctions financières aux contrevenants à cette règle. Le cartel fut mis à jour dans les années quarante et leurs pratiques interdites...cependant la durée standard des 1000 heures est toujours d'actualité pour les ampoules incandescentes.

"Un produit qui ne s’use pas est une tragédie pour les affaires"

Le père du travail à la chaîne, FORD, marqua le monde automobile par la sortie de sa Ford T en 1908, une voiture basique, polluante et plutôt lente...mais très peu chère (850 dollars contre 2000 pour les voitures d'autres constructeurs). Ses voitures se vendirent en des quantités phénoménales jusqu'à la fin des années 1920 forçant ses concurrents à rivaliser de créativité pour arriver à vendre leurs modèles. C'est la compagnie Général Motors qui, en 1915, trouva la solution pour contrer le monopole de Ford, il utilisa le principe de l'obsolescence programmée afin d'augmenter ses ventes et de contrer son concurrent. Il construisit des voitures avec le même modèle de moteur que Ford mais lui fit une carrosserie bien plus esthétique et sorti des nouveaux modèles tous les trois ans. Cette stratégie fut élaborée dans le but de stimuler le désir des consommateurs envers des produits toujours plus beaux afin de les pousser à acheter un nouveau modèle le plus rapidement possible. Lorsque Ford se rendit compte de l'efficacité de ce procédé, il l'adapta à toute sa production et c'est toute l'industrie américaine qui en ressenti les conséquences. On utilisa donc l'apparence comme appât afin d'attirer les acheteurs et les pousser à posséder des biens toujours plus beaux extérieurement avec seulement des changements mineurs à l'intérieur.

Et si une loi permettait d'imposer un modèle comme celui-ci ?

Dans les années 30, Bernard LONDON, un courtier en immobilier proposa de rendre l'obsolescence programmée obligatoire. Les gens pourraient renvoyer leurs appareils à un organisme national afin qu'ils soient recyclés, cependant quiconque garderait un objet plus longtemps qu'il était autorisé devra payer une amende. Il avançait l'idée que c'était la solution pour résoudre la crise que traversaitl'Amérique après 1929, elle permettrait le plein emploi et stimulerait la croissance. Finalement l'obsolescence programmée ne fut jamais imposée par une loi mais le concept refit surface en 1950 et cette fois on ne l'imposerait pas...il séduirait les consommateurs. Les entreprises rivalisèrent donc d'ingéniosité afin de créer de plus en plus de produits différents et toujours plus attirants bien que très peu résistants, ce fut le début d'une époque dans laquelle nous nous trouvons encore...celle où le paraître surpasse l'être !

Et où en est-on aujourd'hui ?

Si l'on observe dans notre quotidien la quantité de biens de consommation qui sont soumis au principe de l'obsolescence programmée, on se rend vite compte que cette stratégie industrielle, bien qu'illégale, s'est répandue dans tous les domaines de l'industrie. Ce sont aujourd'hui nos lave-linge, nos télévisions, nos ordinateurs, nos voiture, nos téléphones, nos vêtements et encore une énorme liste de produits qui ont une durée de vie étrangement moins longue qu'il-y-a ne serait-ce que dix ou vingt ans auparavant !!

Qui ne se rappelle pas des vieux portables que les jeunes qui ont la vingtaine aujourd'hui avaient au collège, ceux-là même que l'on a encore au fond de son tiroir, inutilisés depuis longtemps mais toujours en état de marche ? Ou bien de la machine à laver que nos grand mères ont toujours dans le garage de leur maison et dont elles se servent toujours pour laver leurs affaires ? Il devient évident que quelque chose de pas très logique s'est mis en place, la technologie progresse, la majorité des gens possède des portables à écrans tactiles ou des i-phones dernier cri, mais leur durée de vie ne cesse de diminuer...et il faut en racheter quasiment tous les deux à trois ans (si ce n'est pas moins) !!

La publicité et le crédit : armes de consommation massives

Serge Latouche a défini trois piliers sur lesquels s'appuie le capitalisme : la publicité,
l'obsolescence programmée et le crédit. Bien que selon moi cela ne constitue qu'une petite liste des facteurs indispensable à la bonne marche de notre système économique bien aimé, il est vrai que tous jouent un rôle important. L'un ne fonctionne pas sans les deux autres et ainsi de suite, il est donc de bonne augure de se préoccuper non seulement du problème qu'est l'obsolescence programmée mais aussi des deux autres. La publicité (comme nous l'avions expliqué dans notre précédent numéro) est le facteur sans lequel les tentations consuméristes qui ravagent notre société seraient de bien moindre importance. En effet, pour pousser les gens à acheter il faut tout d'abord leur inculquer la culture de l'apparence en jouant avec l'idée que tout ce qui est nouveau est meilleur. C'est seulement à cette condition, lorsque l'individu ne se soucie plus de l'efficacité des produits qu'il achète mais qu'il achète seulement pour acheter que l'obsolescence programmée à lieu d'être...Donnez lui les moyens de se procurer tous ces nouveaux biens inutiles grâce au crédit et vous aurez tout à y gagner !!

°°o.IntrU.o°

Sources :

www.arte.com

http://oleocenebackup.forumactif.com

www.siteduzero.com

www.ecolopop.info