C A R N A V A L

Publié le par Etrange Normalite

A Montpellier, la fête populaire ancestrale du Carnaval est réapparue il y a à peu près 15 ans. Les gens déguisés se sont rappropriés la rue pour défiler avec des chars, manger, boire, danser, chanter … Depuis quelques années, cette manifestation bruyante et entrainante déplaît aux autorités et est réprimée. Les forces du désordre ont l'autorisation d'intervenir pour arrêter violemment les personnes qui ont l'outrecuidance de croire qu'il existe encore un espace d'expression sur les pavés la nuit. En général, les premières interventions merdières arrivent vers une heure ou deux heures du mat.

 

Cette année, Grande Nouveauté, pour la première fois, un véritable couvre-feu fut mis en place et nous fûmes attaqués vers 22h30. Nous étions simplement en train de danser et de chanter autour d'un char enflammé lorsque les flics ont débarqué. Lacrymogènes, coups, mots d'amour nous furent adressés. Et aussi, on a pu constater que certains d'entre eux commençaient à développer leur côté artistique et ne pouvaient s'empêcher de prendre des photos et de filmer. Ceci veut peut-être dire qu'ils dépasseraient enfin leur rôle d'esclave!

 

Seuls quelques voyous, bien évidemment, comme dirait la juge, ont résisté quelques temps grâce à une barricade de fortune. Heureusement que la gentille population citoyenniste de Montpellier avait été prévenue par un article du « 20 minutes » de ne pas sortir dans la rue après 22h, car une manifestation anarchiste devait avoir lieu. Espérons que les beaux dormeurs se réveillent un jour pour défendre avec nous le droit de vivre. Car aujourd'hui il s'agit vraiment de cela.

 

On ne peut plus vivre pleinement, comme on l'entend, il faudrait se soumettre et crever à petit feu, voilà le sort qui est réservé au plus grand nombre.

Les merdias ont légitimé l'intervention policière car nous nous comportions mal. Se conduire mal c'est: ne pas vouloir passer ses soirées devant la télé, oser rencontrer des gens que nous ne connaissons pas encore, danser à la place de marcher, chanter à la place de râler, résister à la place de ramper. Ils aimeraient bien nous mettre tous dans des cases.

 

Alors, il y a quelques années on était des racailles, cette année des voyous. Ça sonne bien voyoux, voyeux, ceux qui voient, ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez, ceux qui ne se font plus d'illusions. Ceux qui ont compris que ce monde de merde est en train de s'autodétruire et qu'on va l'aider, à coup de solidarité, de joie, de poésie...

 

Cette année, nous étions noirs, nous étions rouges, nous étions verts, nous étions roses, blancs, marrons et beaucoup plus encore. Nous brûlions de mille feux, qu'est-ce que nous étions beaux face à eux!

Elsa

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