Billet bobobsolète

Publié le par Etrange Normalite

Bonjour à tous.


Voilà, ce qui devait arriver arriva. Je me retrouve dans les colonnes d'un journal. Cela dit il était plus que temps que Le Monde...pardon, Le Parisien, euh… non, Sud Ouest ? Mince. Excusez-moi. Michel, c'est quoi déjà le nom de la feuille de chou qui a accepté de publier mes tribulations ? Non sans blague, ça existe ça? Bon, reprenons. Donc, disais-je, il était temps que « L'Étrange Normalité » me laisse une place dans ces tribunes. Rien d'étonnant quand on sait le succès succinct sans cesse en suspend de cette chronique web. D'ailleurs le rédacteur en chef me fait signe d'arrêter les allitérations, sans aucune utilité dans un billet prévu pour le papier, et que je ferais mieux d'aborder l'un des innombrables sujets qu'il m'a fait parvenir si je souhaite que cette note passe la porte du bureau rédactionnel avec une maigre chance d'être publiée dans le prochain numéro.

Mais avant cela, j'aimerais connaître plus intiment mes futurs lecteurs. Qui êtes-vous chers amis, vous qui posez les yeux sur ma police, dénudant d'un regard torve le corps douze de ce texte. Puis- te tutoyer toi qui tiens ce journal entre tes mains tremblantes. Oserais-je te parler des fabuleuses aventures symbiotiques que nous allons vivre, toi confortablement assis au creux de ton fauteuil dans ton deux pièces montpelliérain, et moi divaguant dans la 
lumière blafarde de ma chambre de bonne en bord de Garonne. J'aimerais tant te connaître mieux, savoir ton prénom pour donner un sens à ce tutoiement ridicule censé nous rapprocher. Tiens, je vais t'appeler Laurent et Françoise. Et si par le plus grand des hasards vous vous trouviez à être plus de deux à tenir une copie de cette chronique, je vous laisse choisir votre camp, celui du chibre ou de la frisée défraichie.Transition toute trouvée, je vais vous entretenir d'un sujet qui est loin d'être nouveau car ce phénomène prend ses racines au début du siècle précédent. En effet, la semaine passée je suis tombé sur un documentaire passion-nant signé Arte que je conseille fortement à tout bon altermondialiste et anticapitaliste chevronné.

« Prêt à jeter », c'est son nom, ouvre sur un bel et jeune informaticien Espagnol, même si cette accumulation qualitative peut surprendre, dont l'imprimante bon marché tombe en panne malgré la révision des 5000, les pneus neufs et la vidange.


Aguerri à ce genre de facéties et détenteur du savoir des sages de l'ère numérique, notre héros ne se démonte pas alors que son matériel défectueux, si.  Pratiquant sans vergogne une autopsie complète sur l'engin il ne parviendra cependant pas à en identifier la défaillance. Les puces à l'air, la machine se joue de lui et ricane. Piqué au vif, il se rend alors chez plusieurs réparateurs de ses connaissances afin de vérifier si l'imprimante peut faire l'objet d'une quelconque maintenance technique. Que nenni, lui répondent les spécialistes charlatans, au prix que coûte la réparation, mieux vaut envisager l'achat d'un nouvel appareil.

 

Et là, bouffant l'écran, le moteur du siècle consumériste s'affiche en guise de sous-titre du film : « L'obsolescence programmée ». Une voix off nous explique comment tous les objets manufacturés depuis des décennies sont voués à une durée de vie limitée. L'objectif étant de renouveler les stocks pour pouvoir vendre toujours plus. Au début du vingtième siècle, un groupe d'industriels considérant que la durée d'éclairage des ampoules à filament ne favorisait guère  les ventes, décida d'imposer une espérance de vie standard de mille heures à l'ensemble des entreprises membres du consortium.

 

Le résultat ne se fit pas attendre, en moins de quinze ans, les lampes se conformèrent à la nouvelle réglementation tacite, en même temps qu'on observait l'émergence des blagues du type « Combien faut-il de juifs pour changer une ampoule? » très en vogue dans ces périodes troubles d'antisémitisme mondain. La société de consommation était née. D'abord copiée par les fabricants d'automobiles, cette pratique se généralisa à l'ensemble des produits de consommation au point qu'en pleine crise économique, certains penseurs souhaitèrent ériger cette nouvelle technique de vente en paradigme dogmatique afin de relancer la machine capitaliste en panne.

Heureusement la guerre et le fascisme empêchèrent la loi de faire surface, et on préféra attendre quelques années de feu, de fer et de sang avant de faire renaître l'obsolescence programmée comme nouveau droit du consommateur imbécile à acquérir un objet complètement inutile et, de fait, rigoureusement indispensable.

Cette idée tenace, qui pousse des millions de têtes de nœuds à se procurer le machin qui rendra jaloux leur entourage, a plus que jamais cours dans nos sociétés dites modernes et évoluées. Preuve en est les improbables files d'attentes de plusieurs heures que l'on peut voir aux portes d'entrées des magasins pourvoyeurs de technologies griffées d'une pomme croquée.

 

Les détracteurs de la désuétude planifiée ne manqueront pas de s'indigner de l'impact écologique de ce parangon capitaliste. Ce à quoi les adorateurs de Bernard London répondent que la solution réside dans l'invention humaine. Mouais. Faire confiance à l'évolution technologique pour régler le problème de la pollution c'est un peu comme confier à un pyromane le soin d'éteindre un incendie.

 

Ce constat fait, peut-on réellement reprocher à quiconque participant à cette mascarade leur aveuglement si l'on considère que l'obsolescence, programmée ou non, fait bel et bien partie de la nature humaine. Regardez bien derrière l'oreille de la jeune personne avec qui vous vous apprêtez à passer une nuit torride, et faites-moi croire que vous n'y voyez pas une date limite de consommation.

 

Tout n'est qu'éphémère, et tant que nous pourrons nous débarrasser du surplus de déchets engendrés par ce modèle sociétal dans les poubelles du monde que représentent l'Afrique centrale et l'est de la Chine, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistes.


Que ferions-nous de nos ministres déchus ou de nos parlementaires gâteux, s'ils ne pouvaient plus faire des affaires avec les rois élus des plus pauvres des pays modestes. Il n'y a pas assez de place dans nos usines de retraitement politique que sont le conseil constitutionnel et l'académie française pour toutes les ordures que génère l'entreprise élyséenne.

 

Et puis une Michelle Alliot-Marie, même de seconde main, c'est de l'entretien et des frais exorbitants. D'accord ça fait joli dans le salon avec un abat-jour sur la tête, mais comme toutes les vieilleries, ça s'esquinte et c'est très vite démodé.

 

Aiphix Centide 

Publié dans Analyses

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