Refus de fichage A.D.N.

Publié le par Etrange Normalite

Le 14 février 2011, une conférence de presse a eu lieu à La Mauvaise Réputation (local de la C.G.A: Coordination des Groupes Anarchistes), pour parler du procès de Giorgos, militant à la C.G.A et syndicaliste à la C.N.T (Confédération Nationale des Travailleurs) qui refuse d'être fiché génétiquement. Peu de journalistes étaient au rendez-vous, on peut se demander quelle réalité les intéresse si l'évolution politique liberticide n'est pas un fait suffisamment important à mettre au grand jour!

Cette conférence a été lancée deux jours avant le procès qui se déroulera le mercredi 16 février à Montpellier au tribunal de grande instance.

 

Giorgos a été arrêté le 21 octobre, suite à une occupation d'environ une heure au Pôle Emploi de l'Avenue de Toulouse. Cette action avait été décidée pendant le mouvement des retraites par l'interprofessionnelle; il s'agissait de rencontrer les travailleurs de P.E mais aussi les demandeurs d'emploi qui venaient pour des rendez-vous ou faire des recherches de boulots. Le but était d'élargir le mouvement social en allant à la rencontre d'autres personnes pour les informer sur les nouvelles réformes et leur proposer de rentrer dans la lutte. Une fois la mission accomplie, le groupe d'environ 60 militants syndiqués, organisés, et autres apaches, repartirent en direction du centre-ville mais en occupant partiellement la route, en chantant et en appelant les gens qui regardaient furtivement par leur fenêtre, à venir manifester. Quelques minutes plus tard, des voitures de la B.A.C (Brigade d' Intervention Criminelle) ont encerclé la marche des joyeux lurons, et des policiers ont commencé à courir, matraque au poing, pour pratiquer une sorte de chasse aux lapins. Un chasseur a attrapé Giorgos, l'a bousculé, jeté parterre, arrêté, mis dans une voiture et amené dans sa caverne: le commissariat central. On lui vola ses empreintes, quelques portraits, mais il refusa la prise d’A.D.N. Il expliqua les raisons de ce refus et il fut invité à se présenter au tribunal le 16 février. La plainte qui est retenue contre lui est bien évidemment le refus de sa soumission à des pratiques barbares mais il est aussi accusé de port d'arme de sixième catégorie, c'est-à-dire de détenir un petit Opinel pour pique-niquer. Quatre personnes en plus de Giorgos ont été arrêtées et ont été forcées à donner leur A.D.N. Refuser de le donner est passible d’un an de prison ferme et de 15 000 euros d'amende.

Aujourd'hui, le comité de soutien compte 14 organisations dont Alternative 34 et 30, Alternative Libertaire, ATTAC, Europe Ecologie, La fase, Solidaires, Sud-Education et de nombreuses autres. Des liens se tissent, l'organisation horizontale croît, le nuage gris capitaliste a du souci à se faire et ça rassure...

Suite aux propos de Giorgos, un militant de la C.N.T a aussi fait une intervention sur la criminalisation du mouvement social, et mis en avant que la volonté de cette politique ultra sécuritaire qui a commencé il y a déjà 10, 15 ans, est de:

Faire peur aux autres militants et militantes.

Discréditer les actions manifestantes.

Détourner l'attention médiatique (cette affaire occupe du temps militant).

Légitimer l'intervention des forces publiques.

Un autre camarade a dénoncé le fichage généralisé de la population: « Un fichier national a été créé en 98. A l'origine, il était destiné aux délinquants sexuels et aux crimes contre l'humanité... Etendu en 2003, il concerne maintenant la plupart des délits, sauf les délits financiers, et bien évidemment les plus gros... Ce fichier reste consultable par la police pendant 40 ans... En 2002, on pouvait compter 2 000 personnes fichées, l'an dernier il y en avait 1 million 300 mille d'après la C.N.I.L (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés)... Cette pratique réduit la liberté des individus et leurs droits... Elle criminalise les personnes vivant dans la pauvreté et la marginalité... On fiche tout le monde, les coupables, les victimes, les témoins... Cela augmente le pouvoir de la police. Ce qui se joue, c'est un contrôle de la situation en même temps que l'appauvrissement de la population et sa précarisation. L’Etat fait le choix de mettre en place des politiques sécuritaires pour essayer de gérer des situations de violence sociale. Il se dote d’outils qui permettent d'intervenir fortement pour ne pas laisser se développer des mouvements sociaux... ».

 

L.


Publié dans Actualités

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